Encore et toujours [Miss Reonal]

Bienvenue à l'animalerie, la fourrière comme disent certains... Moi j'appellerais plutôt ça une prison, mais pour ce que les Hommes en ont à faire de ce que je pense... Je suis ici depuis tellement de temps maintenant que je ne compte même plus, j'imagine que ça fat des mois, mais vous savez on perd très vite la notion du temps dans un endroit pareil.
Les jours se suivent et se ressemblent cruellement, dormir, manger, faire bonne figure devant le regard tantôt pervers, tantôt méprisant des humains, obéir au gardien, ou au vendeur, j'ignore la façon dont il faut l'appeler...
Il est encore tôt et pourtant je suis déjà las de cette journée qui se présage aussi monocorde que les précédente... Vous me voyez, là au fond de ma cage, j'ai l'air pitoyable n'est ce pas ? Mais attendez que je m'approche, le gardien m’a si bien arrangé que j'ai l'air d'un étalon Italien. Tsss... Je suis si ridiculement mis en valeur que j'arrive à me demander si quelqu'un s'intéressera à moi un jour. Cet accoutrement ne me ressemble tellement pas. J'e n'ai même pas de tee-shirt... Un simple jean, ils auraient pu trouver autre chose quand même. Et puis ce collier de cuir autours de mon cou, quelle honte… Enfin, je vous épargnerais les détailles.
Et puis, pour rajouter encore un peu à mon désarroi je souffre, et oui en plus de m'humilier le gardien me fait du mal.
Depuis un moment il s'est mis dans l'idée que si j'étais invendable c'était à cause de mon tatouage... Hier il s'est donc amusé à tenter de l'effacer, avec je ne sais quel objet il à essayer de gommer l'ingommable, se moquant totalement que cela se révèle pour moi une affreuse torture... Tout ce que ce crétin est parvenu à faire c'était mettre ma chaire à vif... Et aujourd'hui je souffre en silence en regardant ma peau rougie, meurtri par l'Homme.
Et j'attends.

Je fixais mon bras depuis un long moment maintenant, la douleur lancinante qui m'avait tenu éveillé toute la nuit n'avait pas encore quitté ce membre que j'aurais aimé voir disparaître. Assis au fond de ma prison, j'entendis la clochette à la porte tinter, cela ma paraissait si doux, et pourtant c'était toujours une déception. Cette cloche avait beau sonner, l'humain qui entrait ne m'emportait jamais loin d'ici, loin de ma solitude et de l'ennui. Mais je dois vous avouer qu'en voyant l'attitude de certains Hommes j'étais parfois heureux de ne pas être choisit...
Je jetais un oeil vers l'entrée de ma cage, sans grande conviction à vrai dire, j'avais vu tellement de clients passer sans s'arrêter que j'avais perdu espoir. Dans un geste nerveux je secouai mes oreilles, cette maudite cigarette, malgré le temps j'y suis toujours accro... Depuis que j'étais là je n'avais pas eu l'occasion d'en fumer une seule.
Ca me manque terriblement !
Bizarrement je me sentis observé, je ne m'étais pas trompé, une jeune femme semblait s'intéresser à moi, si dieu existe j'aurais certainement dû le remercier...
Je m'observai un moment.
Quel accoutrement ridicule, comment puis-je me faire adopter ainsi ?
Laissant mes réticences au fond de ma cage je m'avançais au devant de la demoiselle. A quelques centimètres des barreaux je tendis mes mains pour les refermées sur ceux ci. Sans sourire, je fixais l'humaine. Je puis vous assurer qu'elle était de toute beauté, une peau qu'on savait douce au premier regard, des yeux à vous envoûter pour la vie, une chevelure magnifique et un corps... Je préfère laisser ma voix s'éteindre doucement plutôt que de vous dire ce qu'il m'inspirait, ce ne serait pas correct...
Mon regard se tourna alors vers le vendeur, qu'il ne vienne pas se mêler de ça celui là, avec ses arguments bidons et ses allusions graveleuses, ils faisaient à chaque fois fuir les rare humains qui q'intéressaient à moi. Je reportai mon attention sur la jeune femme, mais malgré tout je gardais le silence. Pourtant j’avais tellement envie de lui crier de m’emmener avec elle, de la supplier, de tomber à genou… Je savais que l’animalerie m’avais engourdi l’esprit au point je sois capable de faire ce genre de chose. Moi qui suis si calculateur, je ne pouvais me permettre d’implorer une femme, je devais garder le silence et prier pour qu’elle s’intéresse assez à moi pour m’adopter sans que je n’ai à user de jérémiades.
Je ne veux pas être une larve, rampante aux pieds des Hommes, je ne veux pas.

Je savais ce que voulais l'autre crétin derrière son comptoir, tournant mes iris rubis vers lui, je lui adressais un sourire narquois, ce ne fut d'ailleurs pas à son goût à en croire ses mimiques menaçantes. Mr Nasakenai (je m'amusais à l'appeler comme ça lorsque je voulais quitter ma cage... Même si c'était pour recevoir une correction, il me fallait parfois voir autre chose que des barreaux !) savait très bien que les clients n'aimaient pas les Nekos "abîmés" et après sa petite séance de dépigmentation de la veille j'étais selon lui une mauvaise marchandise. Il m'avait promis de me bander les avants bras aujourd'hui pour cacher la blessure, à l'entendre en plus de lui permettre d'arnaquer celui qui m'achèterais cela me donnerais une style... Quel sens du style dérisoire ! Malheureusement pour lui il n'avait pas encore eu le temps de le faire et à en croire son regard il aurait aimer que je cache son œuvre... C'était mal me connaître, croyez moi !
Mais ne nous éternisons pas sur ce type insignifiant et dénué d'intérêt, car je vous le rappelle j'étais en une charmante compagnie…Un magnifique petit brin de femme s'était arrêté devant ma cage. Je tournais alors mes iris vers son visage d'ange, oui à bien y réfléchir elle avait quelque chose d'angélique... Je me forçais à croire en mon intuition... Les lèvres de l'humaine s'ouvrirent sur une voix cristalline et mélodieuse, elle s'adressa à moi sur un ton auquel je n'étais pas habitué. C'était également la première fois qu'un humain me demandait de l'appeler par son prénom, pauvre petite, si elle avait su lire en moi... J'imagine qu'elle se serait bien vite dirigée vers une autre cage. Il est mauvais de faire des politesses à un Neko comme moi... Mais ce n'était pas pour me déplaire, bien au contraire.

"Iwashita mademoiselle..."

Fis-je simplement on plongeant mon regard dans le siens.
Je me demande encore pourquoi elle s'est intéressée à moi... Il n'y avait qu'à tourner la tête pour voir qu'autours de moi les cages étaient bourrée de petit Neko mignons et attendrissants, le genre que les Hommes choisissent pour s'occuper de leurs gosses, de leur maison ou pire, de leur libido... Ils semblaient tous fragile et doux, alors que moi... D'ordinaire j'avais un physique qui attirait les jeunes femmes autoritaires, ce genre de mégères qui ne pensait qu'à me mâter et faire de moi leur jouet... Voir un mâle tel que moi se plier à leur volonté leur apportaient une impression de puissance... Enfin c'est ce que j'imagine. C'était peut être pareil pour Naomi !
Son écharpe... Elle ne cessait de la remettre en place, pourtant il ne faisait pas si froid que ça ! Autant vous dire que cela éveilla ma curiosité... Mais je fus coupé dans mes réflexions par la voix du vendeur...

"Bonjour mademoiselle ! Je peux peut être vous aider ? C'est la première fois que vous achetez un Neko ?"

Ce moulin à paroles m'horripilait au point que les poils de ma queue de chat ne s'hérissent à chaque fois qu'il s'approchait. Toujours avec sa trique dans la main... D'ailleurs juste après ses paroles il lui sembla bon de s'en servir et comme on le fait pour un mauvais élève il m'en donna un bon coup sur les doigts. La douleur et la surprise me firent lâcher les barreau, les oreilles couchées sur la nuque je lui adressais un feulement menaçant. Comme si c'était normal, et ça l'était de sa part, il continua de débiter ses arguments de vente.

"Celui ci s'appelle Iwashita Manekineko. Il vient tout juste d'avoir 19 ans, autant vous dire que c'est une très bonne affaire !"

Fit il en désignant du doigt l'étiquette sur ma cage qui annonçait mon prix.

"Il ne vous causeras aucun ennui, sa dernière maîtresse était très satisfaite de ses services, elle m'a assurée qu'il saurait répondre à tous vous souhaits !"

La trique qu'il serrait toujours dans son poing me tenait en respect, et je regardais Naomi sans m'approcher cette fois ci.

Ah les humains... Ils sont si difficiles à comprendre ! Les uns désirent asseoir leur puissance sur le monde entier alors que d'autres se livreraient corps et âme pour combattre l'injustice... Comment voudriez vous que je m'en sorte, comment voudriez vous que je perce le mystère de la race humaine ?
J'avais devant mes yeux la plus belle illustration de ce contraste étonnant qu'il existait au sein de la même race. A vrai dire j'étais plutôt du coté du petit ange ! Comment ne pas l'être ?
Je souriais dans ma cage alors que le vendeur venait de se faire entendre dire que ses paroles n’avaient aucun intérêt pour cette fille. Il lui était rare d'entendre ce genre de chose et il se vexa, surtout quand la pulpeuse demoiselle lui conseilla de ne plus me taper.
Les mots qu'elle prononça pour ma défense résonnent encore à mes oreilles comme les plus doux de ma triste vie.
Je me tournais vers Mr Nasakenai qui semblait à présent tout penaud, partagé entre se fierté et l'envie d'empocher l'argent de Naomi, je le connaissais assez pour savoir qu'il était prêt à ramper au pieds des clients pour les convaincre de lui acheter un Neko. Je savais aussi très bien qu'il voulait se débarrasser de moi, je lui causais quelques tourments et sa faiblesse intellectuelle le poussait à utiliser la force pour être tranquille... Le pauvre, lui qui n'aimait pas abîmer la marchandise.
Même si il se voulait méchant et autoritaire, sa lâcheté ne m'avait pas échappé, son regard me disait qu'il me redoutait... Un grand gaillard comme lui, au fond il était aussi doux et peureux qu'un agneau. Ah soif d'argent quand tu nous tiens...
Je reportais donc mon attention sur la douce créature qui s'était assise devant ma cage, je me mis moi même à sa hauteur, gardant tout de même mes distance, car si il ne disait plus un mot le vendeur se tenait toujours derrière la cliente avec son objet de torture. D'ordinaire je me serais approché sans crainte, j'aurais bravé l'interdit et défié l'homme du regard, mais j'étais bien las de ce petit jeu, de cette guerre perpétuelle. Tous mes membres auraient protestés, le souvenir douloureux de ses coups les marquaient encore.
Naomi s'adressa à moi, sa façon de le faire me surprit encore, mais j'imagine que j'allais très vite m'y habituer ! Sa question me fit sourire, et sans le regarder je sentais le vendeur qui s'agitait, il connaissait la réponse et savait que ce n'était pas bon pour ses affaires.

"J'ai désobéis mademoiselle..."

Je parlais à demi mot, mais l'on devinait derrière mes murmures ma voix suave et calme.

"Alors ma maîtresse s'est débarrassée de moi, elle disais... Que j'étais un vilain matou !"

Un sourire accompagna mes derniers mots. Je me souvenais encore de ma maîtresse, hurlant dans la voiture -Iwa, tu es un vilain matou !-. Et ses ongles... Cette mégère avait de vrais ongles de sorcière qu'elle s'acharnait à enfoncer dans mon épaule chaque fois que j'agissait mal, ou quand j'agissait trop bien... Enfin tout cela n'est pas non plus très joli à raconter, cela ne dois appartenir qu'aux souvenirs. Le vendeur s'empressa de reprendre la parole.

"Vous savez cela n'est arrivé qu'une fois, ce n'était qu'un petit écart de conduite ! Il s'est beaucoup assagit depuis !"

Je lui jetais un regard mauvais, et je le vis resserrer son étreinte autours de la trique de fer. C'est ça, cache toi derrière ton "arme" pauvre petit cancrelat, montre moi comme je te fais peur ! Ne voulant pas manquer plus longtemps aux règles de politesse je quittais l'homme des yeux et les tournaient une fois de plus vers Naomi. J'avais mille questions à lui poser, mais je me réservais pour la suite, si elle décidait de m'acheter, il y avait des risque pour je devienne plus bavard !
Je suis une garçon extrêmement curieux de nature, et son écharpe était à ma portée, j'avais une envie irrépressible de la lui enlever. C'est tout moi, j'aime percer les secrets des gens, connaître tout de leurs petites cachotteries, mais je me gardais bien de touchée à la petite poupée pour le moment, je ne voulais pas l'effaroucher.

"Approche toi !"

Me lança le vendeur d'un air autoritaire, de surprise je couchai les oreilles. Lui qui voulait que je m'éloigne tout à l'heure, il voulait que je m'approche à présent ?

"Allez montre toi un peu à la demoiselle !"

Oh alors c'était ça, il voulait que je m'expose comme une vulgaire marchandise, il allait bientôt m'attraper le bras en hurlant -regardez moi ça mademoiselle, un vrai petit athlète-. Pour qui il se prenait ? Un marchand de légume ?
Je ne bougeais pas d'où j'étais mais adressais quelques mots à Naomi.

"Je vous obéirais mademoiselle… "

J'avais eu le droit à un nombre incalculable de cas de figure depuis que j'étais là, si l'on y réfléchissait un peu ; beaucoup de gens c'étaient intéressé à moi. Malheureusement la raison de ma présence ici les avait à chaque fois rebutés. C'est donc avec surprise que j'accueillis les paroles de Naomi.
Certes j'avais beaucoup entendu parler des humains de ce genre là, aux informations, chez mon ancienne maîtresse j'avais même vue une manifestation. Des Humains et des Nekos unis pour scander un même slogan : Nekos libre ! Je me revois encore, bloqué devant l'écran de télévision à l'idée qu'un jour cela puisse arriver. Mais j'avais appris par la suite que cette petite rébellion avait été étouffée dans l'oeuf et j'avais compris que jamais ma race ne pourrait vivre en toute liberté, je suis aujourd'hui résigné, le mot libre n’appartient qu'à mes rêves et mes songes.
Selon la douce Naomi ma compagnie aurait dû satisfaire mon ancienne maîtresse, si elle avait sût à quel point ma seule compagnie ne lui était pas suffisante... Mais je chassai bien vite ses souvenirs affligeants pour me concentrer sur le présent et sur la petite poupée à l'air fragile qui se tenait face à moi. Ses paroles me semblaient si sincères, et pourtant j'avais tant de mal à croire qu’une femme puisse penser cela. La prudence étant pour moi une chose aussi naturelle que les battement de mon coeur, je préférais ne pas me fier aux apparence et au discours mielleux de ma jolie interlocutrice.

Une fois de plus les ordres du vendeur firent réagir Naomi, ce n'était pas pour me déplaire, car si je n'avais pas le droit de protester, elle le pouvait parfaitement. Un léger sourire timoré, dont j'avais le secret, se dessina, en signe de remerciement, sur mon visage pâlit par des mois de cage. Oh bien sûr cela contrastait avec mon regard, mais voulez vous m'expliquer comment aurais-je pu après tout ce que j'avais subit ne pas acquérir ce regard de prédateur ? Heureusement mes yeux bien que très expressifs ne m'avais jamais portés préjudice... Du moins pas que je sache.

Enfin, les paroles libératrices, s'échappèrent d'entre les lèvres de l'humaine... Ses lèvres... A croquer ! Enfin je m'égard, sur le moment j'étais plus ravi par les mots qu'elle avait prononcé que par sa jolie bouche. Je ne fus pas le seul à être heureux d'entendre Naomi dire qu'elle emmenait...

" Vous le prenez alors ?"

S'était écrié le vendeur en se frottant machinalement les mains.

"Parfait parfait !"

Je le voyais se dandiner sur place, comme il le faisait chaque fois qu'il était sur le point de conclure une affaire. Et c'est dire... Cette grande tige aux cheveux bruns, vendait pratiquement cinq Nekos par jours, à croire que les bêtises qu'il débitait lors des transactions ne dérangeaient pas les clients. Au fond il avait le sens du commerce, c'était certainement sa seule qualité ! Mes iris rouge sang le suivirent jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière son comptoir.

"Comment désirez vous payez cher demoiselle ?"

Demanda-t-il en revenant avec une laisse de cuire. J'avais si souvent été attaché que maintenant j'en avais l'habitude... Je le regardai d'un air moqueur.

"Vous aimeriez qu'elle vous paye en nature hein..."

Murmurais-je, narquois. Je crus qu'il ne l'entendrais pas, mais à en croire son regard foudroyant je compris que si... Il tira de sa poche les clés de ma cellule, ce bâtard n'avait pas lâché la trique qu'il tenait toujours bien serrée dans sa main. J'imagine que c'est mon instinct qui me força à reculer à ce moment. J'avais l'air bien pitoyable à y repenser ! Un vrai petit chaton effarouché, montrant vainement les griffes pour éloigner les vautours.

"Allez allez mon tout beau ne fait pas d'histoire !"

Ses paroles me paralysèrent de surprise, je le regardais, j'hésitais alors entre l'éclat de rire et la fuite... Mon tout beau ? Mais qu'est ce qui lui prenait de m'appeler comme ça ? Lui qui hier encore me traitait de sale rat de laboratoire ! Alors comme ça il passait des insultes aux mots de réconforts, en tous cas je ne sais pas si c'était le but qu'il recherchait mais je me laissai attacher sans protester, figé par l'ironie de cet instant. Enfin bref, en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire je me retrouvais hors de ma cage, je voyais les autres Nekos me jeter des regards envieux, mécaniquement je couchais mes oreilles en leur adressant un regard hostile. Je détestais mes congénères au moins autant que les humains.

"Tenez Mademoiselle il est à vous !"

Lança le vendeur en tendant ma laisse à Naomi.
Je m'observais un moment, j'avais presque honte de me présenter à ma nouvelle maîtresse dans cette tenue... Dans d'autres circonstances j'aurais peut être apprécié d'être ainsi vêtu, mais pas ici... Pas à l'animalerie !