Blanc noir ? [Pv Nao Toriiwa]

Le plus libre de tous les hommes est celui qui peut être libre dans l'esclavage même.

Blanc, noir, blanc, noir, blanc, noir…

La lumière et la chaleur réverbéraient magnifiquement sur des rangées d’immenses immeubles, tous plus serrés les uns que les autres. La grisaille journalière avait laissée place à au soleil qui rependait ses cathédrales sur l’ensemble du pays.

Blanc, noir, blanc, noir, blanc, noir…

Le peuple était de sortie pour apprécier cet instant si rare. Chacun avait oublié son pull chez lui, sortant peu couvert. Ils avaient tous pris leur journée de congé le même jour, pour certains même, c’était les vacances. Il n’était pas singulier d’entrevoir des enfants jouer dans les parcs et se chamailler sur le trottoir. On se serait cru au commencement du mois de juin, alors que nous étions en plein février. Un vent tiède se roule sur le béton et les maigres jardinets, comme les femmes, semblaient faire leur toilette, jouissant de ces quelques heures de bonheur pour afficher leur plus belles parures.

Blanc, noir, blanc, noir, blanc, noir…

Malgré la pollution infestant la ville, les arbres plantés délibérément afin de purifier l’atmosphère exaltaient de toute leur personne un frais parfum de sèvre, de verdure et de grand air. Bien qu’ils n’arboraient plus aucune feuille, leurs branchages dressés fièrement vers le ciel mimaient leur ramure de printemps. Une fine vapeur passait entre les peupliers sans feuilles, rappelant que l’hiver n’était jamais loin, estompant leurs contours d’une teinte azur, plus pâle et plus transparente qu’une gaze subtile arrêtée sur leurs branchages. Cela les coiffait à la manière d’une morille au chapeau laiteux.
Il y en avait des centaines, tous alignés de la même façon, rappelant les allées des grands jardins français où l’époque de la poudre sur le museau était encore de mode.



Le chauffeur de la grosse voiture avait parlé d’un ton désinvolte, imprégné néanmoins d’une pointe d’agacement. Ils étaient trois assis sur les sièges confortables de la BMW noire. Le conducteur portait des vêtements simples, sa veste était posée sur la place du mort qui avait été laissée vide. Il semblait obnubilé par la route et ne prenait même pas la peine de regarder dans le rétroviseur pour parler à l’hybride. Il avait un visage banal, passe partout même. Il portait également des gants de cuir sombre.
L’autre se trouvait sur la banquette arrière. Il était de carrure plus généreuse, ses épaules par ailleurs sont assez disproportionnées. Il possède de petits yeux vert turquoise brillants d'intelligence dont l'un est légèrement plus petit que l'autre. La forme de son nez est harmonieuse. Il a des cheveux châtains qui ne grisonnent pas encore, même si cela ne saurait tarder. Celui-ci regarde fixement son voisin de droit, le dernier passager.
Ce dernier passager se trouve justement être l’hybride du nom de Yagipan, le nez collé contre la vitre. Il énonce à vive voix la couleur de la route, noir lorsqu’il aperçoit le goudron, blanc lorsqu’un trait de peinture apparait. Il a les mains plaquées contre la portière et s’affalerait s’il on l’ouvrait brutalement.

Lorsqu’il entendit qu’on le réprimandait, il s’écarta vivement, plaçant précautionneusement ses mains sur ses cuisses, les jambes bien serrées. Il avait le regard fou, cherchant quelque chose à faire, puis il jeta un coup d’œil vers l’extérieur. Il y vit un grand bâtiment aux reflets argentés. Il leva les oreilles et, le sourire aux lèvres, se rapprocha une seconde fois de la vitre. Il demanda alors d’une voix enjouée :


Le gros bonhomme de gauche baissa la tête afin de voir l’endroit dont parlait l’hybride, esquissant une moue fatiguée. Il se passa une main habille dans ses cheveux avant de se redresser de dire :



Le Yagi se rejeta en arrière avec un mouvement de dépit, le front plissé, la lèvre inférieure, rouge, en avant, comme celle d’un enfant prêt à pleurer. Un soupire s’échappa de la bouche du conducteur qui finalement finit par annoncer :



Tout en finissant sa phrase il fit tourner le volant au maximum, n’oubliant pas juste avant de mettre son clignotant. L’hybride tout excité, s’empressa de regarder à sa gauche, sautant presque sur l’autre passager. Celui-ci le repoussa un peu, lui demandant de garder son calme. Mais il ne pouvait se contenir, le voila enfin dehors ! Depuis près de vingt années il n’avait connu que la cage dorée dans lequel il avait été captif. Bien qu’elle fût d’une étendue incommensurable, il en avait rapidement fait le tour. Des nouvelles choses amenait pleins de questions à poser ! Beaucoup de monde à rencontrer ! Il n'en pouvait plus et trépignait d’envie. Sa queue remuait fébrilement sur son jean bleu délavé. Finalement, après une attente qui lui semblait être une éternité, il portière de gauche s’ouvrit, libérant l’homme tentant vainement de le repousser. Il attrapa la main de l’hybride et le tira délicatement du véhicule. Ce ne ut pas nécessaire car celui-ci bondit immédiatement sur la chaussée. Il s’empressa de galoper vers la vitrine, posant sa main au dessus de ses yeux afin de s’accommoder à la faible lumière du magasin. L’un des hommes le tira par le blouson qu’il portait, afin de le ramener vers la porte, puis ils entrèrent ensemble.
Yagipan écarquilla les yeux, regardant toutes les cages entreposées sur des dizaines d’allées. Chaque geôle contenait un humain semblait-il et pour la plupart, il était maquillés, bien habillés et portaient… Tiens, cela ressemblait à des oreilles étranges. Des cornes ? Comme lui ? Non, c’était plus poilu, plus coloré… Il demanda en chuchotant à son garde du corps aux grandes épaules qui lui répondit que c’était des oreilles. Yagipan se tint le menton entre les doigts, la mine dubitative. Il s’approcha d’une des cages et regarda de plus près le pensionnaire. C’était une fille aux longs cheveux d’or. Elle possédait ces jolies oreilles d’un blanc éclatant, dressées à la vertical sur son crâne. Il entendit le vendeur discuter dans son dos avec les deux autres hommes mais n’y fit pas attention. La mignonne petite fille lui offrit son plus beau sourire et le regard de ses beaux yeux. Mais si les regards ont un langage, le plus simple d’esprit aurait pu deviner qu’elle n’était pas heureuse ici. Il attrapa les barreaux et lui demanda :



Elle replaça une mèche de cheveux qui pendait négligemment sur l’un de ses yeux, la mettant derrière ses oreilles félines. Puis elle approcha son museau de celui de Yagi avant de dire :


Le jeune garçon bomba le torse de fierté avant de lancer un léger grognement. Il lui avoua finalement qu’il venait aussi trouver un maitre ici afin d’être adopté et qu’il était le seul hybride au monde à posséder des cornes de bouc, le premier représentant de son espèce.


Il ne semblait avoir aucune gène à prononcer cela, sachant très bien sa place dans se monde, son devoir envers les humains et sa fonction plus qu'essentielle. La Neko baissa les yeux, l’air chagrinée. Yagipan n’eut pas l’air de s’en préoccuper mais expliqua tout de même, pour la rassurer, que les Nekos trouvaient toujours des maitres et des maitresses, surtout dans les animaleries de luxe. Elle eut un infime rictus démontrant qu’elle avait reprit confiance.



Yagipan restait accroché aux barreaux attendant qu’on lui donne un ordre et cherchant à connaitre mieux sa nouvelle amie.


[Bon désoulé c'est pas terrible, tu me pardonne ?]

[pas terrible ?! Mais j'aime bien, moua ^^ Attends de voir ma réponse, tu sauras ce que c'est que "pas terrible" ^^]


Il faisait chaud en cette journée de février, et Nao avait décidé de flâner un peu dans le parc. Paraîtrait-il que, dans la société actuelle, il n'est plus possible de perdre son temps ; constant souci du meilleur rendement possible, au travail comme dans les loisirs... Mais ça, Nao s'en contrefichait. Elle, elle aimait flâner, regardant ces cadres pressés, en costume trois-pièces, scrutant leur montre pour savoir s'il ne manqueraient pas leur train, et dans leur hâte dépassant l'entrée de la gare en courant avant de pousser un juron retentissant et de faire demi-tour pour y rentrer.

La jeune femme se promenait d'un démarche lente et rêveuse, quiconque la voyait ne pouvait faire autrement que de remarquer qu'elle avait la tête dans les nuages, que dis-je, dans les étoiles. Sa longue robe noire effleurait le sol en une douce caresse à chacun de ses pas, ployant légèrement les brins d'herbe sur son chemin dans le parc. Elle alla s'asseoir sous un arbre, nu à cette époque de l'année. Le tronc sombre se mariait harmonieusement aux habits de Nao, et seul son visage au teint pâle, agrémenté de deux émeraudes en guise de regard, contrastait.

Nao soupira, et pensa à l'hybride qu'elle avait précédemment recontré. Ledit hybride semblait fort de caractère mais en soi pas méchant. Elle avait eu pour voeu de le sortir de l'immonde animalerie dans laquelle il croupissait.
Tout en se perdant dans ses pensées, elle balayait du regard les alentours, et remarqua alors une voiture noire, assez luxueuse, devant ce qui se révéla être une animalerie.

** Tiens, elle n'est en aucun cas semblable à celle que j'ai précédemment visitée... Celle-ci semble bien tenue.**

Nao regarda l'heure et constata qu'elle avait encore bien du temps devant elle. Elle se releva alors, épousseta sa longue robe noire, et d'une démarche souple et nonchalante se dirigea vers la boutique.

Lorsqu'elle entra à l'intérieur, le son cristallin d'une clochette retentit. La jeune femme vit du coin de l'oeil que le vendeur était absorbé dans une conversation avec deux hommes qui semblaient d'allure importante. Ne voulant pas déranger, elle fit juste signe au vendeur pour le saluer et lui signifier qu'elle comptait regarder les hybrides.
En l'absence d'un franc refus de la part de celui-ci, Nao commença sa visite.

Elle en vit de toutes sortes, de toutes tailles, de tous âges... Il y avait ici un éventail conséquent de choix, un maître difficile dans ses exigences y aurait sûrement trouvé malgré tout son bonheur. C'est lorsqu'elle tourna au coin d'une allée qu'elle manqua de trébucher en voulant éviter de se cogner dans quelqu'un. [mais quelle maladroite ^^']

- Je... Je vous demande pardon ! J'ai tourné un peu brusquement et... enfin... je ne vous avais pas vu ! Donc je vous prie de...

Elle s'arrêta au beau milieu de sa phrase, son regard ayant croisé celui de l'être qu'elle avait failli percuter. Un regard jaune brillant mais néanmoins doux vint rencontrer son regard vert et ocre. Subjuguée par la beauté de ce regard, elle ne remarqua pas la neko dans la cage. Ce ne fut qu'au bout de quelques secondes qu'elle réussit à détacher ses yeux de ceux de celui en face d'elle.

... de m'excuser., termina-t-elle enfin, dans un souffle.

Elle s'attarda sur chaque détail de son visage : ses traits fins, son nez, sa bouche, ses yeux d'une magnifique teinte or, ses cheveux roux et... ses cornes ?
Ce n'était pas logique, un hybride dans une animalerie qui serait hors de sa cage ? Il allait se faire réprimander... A moins que les deux hommes là-bas, près du vendeur, ne soient ses acquéreurs ? Nao décida pour le moment de ne pas se préoccuper de tels détails. Elle focalisa de nouveau son attention sur l'être à cornes devant elle et lui dit :

- Hum... encore pardon pour tout à l'heure. Je me nomme Nao Toriiwa, et toi ? Tu n'es pas un neko... Quel genre d'hybride es-tu, si ce n'est pas indiscret ?

Nao avait dit tout cela avec un sourire timide : en effet, elle ne voulait pas l'embarrasser en lui tenant des propos qui pourraient le gêner, ou l'ennuyer, ou que savait-elle d'autre... Elle se tordit subrepticement les mains, mais cessa dès qu'elle s'en rendit compte. La jeune femme avait encore son air rêveur sur le visage, lorsqu'elle posait son doux regard émeraude sur le regard d'or qu'elle avait face à elle. Elle sourit, attendant avec intérêt la réponse à ses questions.

[Bon désoulé du retard ><', ça risque d'être de pire en pire ces deux prochaines semaines <<']

Une vraie rencontre, une rencontre décisive, c'est quelque chose qui ressemble au destin.

Toujours absorbé par la discussion avec la Neko aux cheveux d’or, il ne prit guère attention à la petite clochette carillonnant de la porte d’entrée. Et puis le brouhaha provoqué par la palabre entre les trois hommes l’empêchait de se concentrer sur autre chose que le murmure presque inaudible de la fille aux yeux de chat. Elle le remercia de l’avoir consolée, ses yeux fixant toujours le sol d’un air éploré. Elle ne semblait pas comblée par cette cage, aussi grande soit-elle. En effet, elle avait la place de s’allonger entièrement et même un peu plus. Elle pouvait s’y tenir presque debout, mais il est vrai qu’elle ne devait pas dépasser la taille d’une jeune enfant de quatorze ans. Yagipan chercha s’il pouvait trouver une autre occupation en attendant, mais il fallait s’avouer vaincu, rien que des cages vides ou pleines de ces créatures dans un rayon de plusieurs mètres. Il soupira en reportant son attention sur la gamine qui semblait troublée, les joues en feu et le regard fuyant. Il approcha alors son visage des barreaux métalliques, encastrant son front dans un interstice. Le contact froid sur les deux bords de sa frimousse ne le dérangeait pas, au contraire, il faisait assez chaud pour apprécier une trêve du mécanisme de refroidissement de son organisme, même si ce n’était que sur une parcelle de peau. Il fini par lui demander, une curiosité plutôt chaste dans la voix :



La petite Neko posa ses yeux sur lui à la manière d’un faon. Elle avait l’air désormais plus apeurée que tout à l’heure, se questionnant sans doute sur la nature de cet étrange individu et son ignorance concernant la condition bien connue des Nekos. Surtout, pourquoi se posait-il toutes ces questions sur leur bien être ? C’était un curieux, voila tout…
La jeune fille se tint le menton d’un air faussement pensif, cherchant à trouver une quelconque originalité dans sa vie de chaque jour. Elle fini par abdiquer, ne jugeant aucune de ses habitudes assez passionnantes pour être contées. Elle se résigna en fermant les yeux, s’apprêtant à lui raconter qu’elle ne faisait qu’attendre l’arrivée de son éventuel sauveur, qu’elle discutait quelques fois avec les hybrides d’en face et puis qu’elle comptait les minutes la séparant de sa sortie quotidienne.

Néanmoins, elle fut coupée dans son élan. Alors qu’elle ouvrait la bouche pour tout lui avouer, une jeune femme fit éruption dans son champ de vision et manqua de se cogner contre son interlocuteur. Elle semblait distraite et chancela, se reprenant rapidement afin de présenter ses excuses à Yagipan qui venait juste de se rendre compte de sa présence. Il l’avait en premier lieu vu à travers la Neko, la scène se reflétant dans l’azur de ses beaux yeux. Il se tourna donc vers celle qui se rependait en excuses. Tout en s’époussetant, elle fini par lever son regard sur celui qu’elle avait failli agresser physiquement. L’hybride ne comprit pas tout de suite pourquoi elle s’était arrêtée si soudainement de parler. Elle était comme paralysée devant lui, bouche ouverte gardant la forme qu’elle avait prise pour donner la dernière syllabe prononcée. Elle semblait le reluquer ouvertement. Pas lui à proprement parler, pas entièrement, seulement ses yeux, elle scrutait son irise dorée avec passion, semblant faire abstraction de tout le reste, même de l’endroit et de la position dans lequel elle se trouvait. Cela n’était sans troubler le mâle qui lui aussi paraissait s’intéresser à son anatomie. Rien de pervers, mais juste qu’il n’avait vu que trois femmes au labo, quelques unes lors de son transport en animalerie et la Neko aux cheveux blonds.

Bizarrement, toutes les femmes ne portaient pas de blouses blanches comme au centre, leurs cheveux étaient lâchés… Mais pas celle qu’il avait en face de lui. Elle portait même une blouse ! Bon, elle n’était pas blanche, mais cette femme se rapportait plus à l’exemple de la gent féminine qu’il avait connu jusqu'à lors ! Elle réussi tout de même à se détacher de lui tout en finissant ses plus plates excuses. Mais elle continua son inspection pour finir sur ses cornes avec un visage interrogatif. Ah, c’était donc l’effet qu’il produisait sur les humains, cette fascination dont il avait été mis en garde avant qu’on l’extirpe de sa cage dorée pour l’amener ici. En toute politesse, il voulu rompre le silence qui s’était installé, une fois encore après qu’elle eut réalisée la présence de ses cornes. Il ajouta donc sur un ton bienséant :


Finalement, retrouvant ses esprits, son visage trahissant toujours le trouble qui la tiraillait depuis quelques secondes déjà, elle entreprit de lui poser une question, lui révélant par la même occasion son nom. Nao Toriiwa. Nao, c’était une consonance cocasse ! L’on avait même envie de le répéter à haute voix, ce qu’il tenta de faire, cherchant à ne pas donner mauvaise impression. Les premiers contacts avec les humains étaient primordiaux, il se devait de faire bonne figure afin de rendre au projet Goat le succès qui lui était mérité. Deux questions fusèrent, l’une quémandant son nom, l’autre sa nature. Evidentes questions qu’étaient ces deux là, cela ne dépassait pas l’étendu limité de son savoir. Il se permit de répondre à son sourire en dévoilant sa dentition présentant des canines fortement élimées, démontrant une utilisation fort peu fréquente de celles-ci. Afin de mettre fin aux tracas timorées de la jeune fille, il finit par répondre sur le même ton poli dont il avait usé précédemment :


Il finit par s’incliner comme son professeur lui avait enseigné. Il lui avait indiqué aussi que dans les temps reculés, les hommes baisaient la main des femmes, mais de nos jours, cela ne se faisait plus. Pourtant, c’était une chose qu’il aurait bien voulu éprouver. Et puis les mains qui avaient une de ces pâleurs splendide qui donne toute leur majesté aux marbres blancs de Paros, ne cessaient appeler ses lèvres. Il ne pu se retenir plus longtemps, mais un cri dans son dos lui fit perdre son élan. L’un des hommes semblait inquiet de le voir s’éloigner si longtemps et l’appelait depuis l’entrée de l’animalerie. Affichant une moue d’excuse, il fit un signe de main à la Neko puis à la jeune femme avant de déclarer, tout en se retournant :


Puis il se mit à courir afin de revenir devant la porte d’entrée. Ils avaient apparemment fini de discuter, et l’animalier semblait fort content à présent. Un sourire satisfait flottait sur son visage rond. Yagipan prévint de son arrivée et se gratta l’arrière du crane d’un air détaché. Il ne savait pas encore s’il devait rester ici, où s’il pouvait repartir voir les deux filles qu’il avait quitté voila quelques instants, il avait encore beaucoup de questions à leurs poser…

Nao entendit l'hybride prononcer doucement son nom ; la sonorité de celui-ci ne lui avait jamais paru aussi douce. Elle devait se l'avouer, depuis qu'elle avait croisé le regard de cet être, ce regard or si hypnotisant, elle était irrésistiblement attirée par tout son être. Elle aurait voulu tout savoir. Mais pas trop vite. Les rencontres bâclées, où tout est vite dit, vite échangé, sont dénuées de toute forme d'amitié, selon son avis. C'était celà : elle voulait avoir le temps de le connaître, partager de bons moments avec lui...
La jeune femme prêta attention aux réponses que l'hybride formulait à ses questions. Ainsi il se prénommait Yagipan. Nao se plut à répéter mentalement ce nom, et bien vite un surnom s'imposa dans ses pensées : Yagi. Celà sonnait bien, et correspondait à l'aspect de la personnalité de l'être telle que Nao avait pû la constater pendant les quelques instants jusqu'à lors.

Nao le vit s'incliner devant elle, et ne sachant pourquoi, en rougit. C'était trop d'honneur, elle ne lui était pas supérieure... Mais quelquepart, elle fût flattée de son geste. Notamment car celà dénotait une bonne éducation : en effet, la jeune femme avait suffisament à faire avec l'hybride qu'elle comptait adopter, et elle en avait tellement vu qui étaient blasés de tout, le regard vide et la parole abrupte... C'était comme un rayon de soleil.

« Votre compagnie m’est agréable, mais je dois vous quitter. Au revoir ! »

Nao sembla reprendre soudainement ses esprits, déjà partie en divagations diverses. Elle répondit au signe de la main de l'hybride, et le regarda s'éloigner avec un petit pincement au coeur. Elle aurait aimé que leur entrevue dure un peu plus longtemps.
La jeune femme se tourna ensuite vers la neko, échangea quelques mots avec elle. Discours banal. Sans intérêt, sans émotion. *Voilà ce qui m'attire, chez Yagipan*, se dit Nao.*Une curiosité candide quant à tout ce qui l'entoure... Il a l'air doux et intrigué par tout autour de lui, agréable et poli, ... oh, Nao, ça suffit ! Tu t'emballes...*
Nao secoua la tête, et focalisa son attention sur les neko. Mais le coeur n'y était pas. Celui-ci et ses pensées étaient tournés vers l'être atypique qu'elle venait de rencontrer. Elle devait bien s'en rendre compte et l'accepter, elle ne voulait pas repartir d'ici sans lui. Elle s'imaginait déjà, passant de bons moments avec lui... Non, partageant son quotidien avec lui. Oui. C'était ça. Mais...
La jeune femme se tourna vers l'endroit où Yagipan était parti, et elle le vit debout à distance respectueuse des deux messieurs qu'elle avait vus en rentrant et qui avaient l'air toujours en grande conversation avec le vendeur. Elle soupira, se disant qu'ils étaient sûrement ses acquéreurs ; elle aurait dû arriver plus tôt ! Non, elle voulait laisser son libre arbitre à l'hybride. Peut-être serait-il très bien avec ces deux hommes, elle n'avait pas le droit de l'exiger pour elle seule.

Pourtant, mue d'un sentiment sur lequel elle n'arrivait pas à mettre un nom, elle se dirigea vers les trois hommes et l'hybride. Restant, à l'image de Yagipan, à distance respectueuse des trois hommes, elle toussota discrètement afin de faire remarquer sa présence.
Le vendeur se tourna vers elle avec un sourire affable, et lui demanda ce qu'elle voulait.

- Eh bien... je... j'aimerais savoir si ces messieurs sont les acquéreurs de l'hybride ici présent.

Les trois hommes lui expliquèrent qu'au contraire, les deux messieurs venaient de confier Yagipan aux soins du vendeur.

- Ne lui préparez pas de cage, ce n'est pas nécessaire... si vous êtes d'accord, ainsi que toi, dit-elle en se tournant vers l'hybride, je désirerais l'adopter.

- ...
Un des deux hommes venant vendre Yagipan se tourna vers la jeune femme, qui planta son regard vert dans ses yeux en attendant avec une pointe d'appréhension sa réponse. Il acquiesca de la tête après avoir semblé la jauger du regard, puis se lança dans un explication au sujet de l'hybride.



[je pense que tu es plus à même de faire le discours du scientifique, aussi je t'en laisse le soin si tu veux bien.]

Les trois hommes se remirent à discuter. Yagipan se tenait en retrait n’osant plus s’éloigner sachant qu’ils recommenceraient à le siffler afin qu’il revienne près d’eux si jamais il tentait distraitement de s’éloigner. Le trio papotait tranquillement dans le hall tandis quelques passants, par ce temps radieux, passaient devant la vitrine, une glace en main ou un ventilateur rivé sur leu visage. Ils s’arrêtaient parfois afin de coller leur bouille contre le verre lustré, leur donnant ainsi une face simiesque. Ils passaient leurs mains au dessus de leur tête afin de leur apporter l’ombre nécessaire pour qu’ils réussissent à entrevoir l’intérieur de la boutique. Yagipan intéressé par ces singeries, leur faisait tantôt un grand sourire ce qui avait l’effet d’amadouer les femmes, tantôt une grimace énervant promptement les hommes. Il est vrai qu’il était un tantinet taquin, bien que sorti d’un dressage parfait. Ce n’était d’ailleurs même pas un dressage, il était né dans la soumission, il considérait qu’il était normal de les respecter ces humains. Cela ne l’empêchait pas de les taquiner un peu, rien de bien méchant. Par exemple si l’un d’entre eux venait à entrer, il s’excuserait aussi sec, baissant les yeux et les oreilles. Il se tenait donc là, les mains dans les poches d’un air détaché. Il scruta le reste du magasin, les allées étaient vide, rien ni personne, hormis la femme qu’il venait de croiser auparavant. Il se demandait d’ailleurs ce qu’elle pouvait bien faire… Alors il se tapa le front avec la paume de sa main, se souvenant qu’elle tait ici pour acheter un Neko et pas pour se balader. Ce qu’il pouvait être stupide parfois. Il avait encore beaucoup à apprendre de la vie, c’est ce que lui avait confié une des infirmières du centre. Il n’y avait pas cru, mais maintenant qu’il voyait toutes ces choses du monde extérieur, il commençait à croire qu’elle n’avait peut-être pas tord. Lorsqu’il secoua sa crinière rousse, faisant s’entremêler quelques cheveux à ses magnifiques cornes, il vit s’approcher quelqu’un sur sa droite. Il tourna la tête prit d’un vif intérêt. Ce pourrait-il qu’il y a ait un Neko qui se soit échappé ? Dans ce cas, il pourrait sans doute s’amuser avec lui, discuter, ou encore l’attraper pour le remettre dans sa cage, gagnant ainsi un bon point, ce qui lui permettrait d’avoir une ration supplémentaire de nourriture. C’est qu’il était gourmand le bougre et à l’institut, chaque bonne action lui rapportait une récompense. Technique qui avait prouvé au fil des siècles son efficacité et pouvant s’appliquer à tout type d’organisme. On se méfie par la mal, on se confie par le bien.

Mais lorsqu’il tourna la tête, il découvrit que ce n’était nullement un Neko qui se tenait là, un air vaguement passionné par la conversation que menaient les trois hommes. C’était la fameuse Nao au regard si accrocheur, celle qui avait attiré son attention tout à l’heure. Il fut content de la retrouver ici car c’était l’unique endroit où il était autorisé à rester dorénavant Il pourrait ainsi l’assaillir de questions en tout genre sur sa vie et ses hobbies. Elle ne le regardait pas, ce qui le navra, lui qui espérait lui faire des signes. Il leva même la main lorsqu’elle toussota légèrement. Il avait déjà vu quelqu'un dans l’institut agir ainsi. Soit elle avait un mal de gorge ce qui semblait peu probable aux vues de la chaleur environnante qui oppressait le pays depuis plus d’un mois. Soit, elle voulait attirer l’attention, ce qui devait être le cas. Cela fit mouche car le vendeur lui fit face quelques secondes après, un immense sourire commercial aux lèvres. Bien sur pour Yagipan ce sourire ne pouvait que lui inspirer sympathie et enthousiasme, ne pouvant déceler les véritables intentions masquées derrière. Il fini par baisser sa main qu’il tenait en l’air depuis son arrivée, la reposant contre son pantalon noir, la glissant ensuite faiblement dans sa poche, lui donnant ainsi un air de mauvais garçon. Il attendit patiemment qu’elle se manifeste, ce qui ne tarda pas. En effet, elle leur demanda poliment si Yagipan était déjà entre les mains des deux hommes en noir. Il ne put réprimer un rire étouffé, sachant pertinemment que ce qu’elle avançait était faux. Non bien sur que non, il n’était à personne pour le moment, et c’était d’ailleurs pour cela qu’il se trouvait en animalerie. Le médecin aux lunettes sombres ne manqua pas de le lui faire remarquer d’ailleurs. Celle-ci insista donc pour devenir sa maitresse, lui demandant son avis. Yagipan en fut étonné et, se tournant en direction des hommes afin de prendre connaissance de leur réaction, qui ne fut en rien différente de la sienne. L’un fit volte face, la mine déconfite vers son associé qui avait l’air de réfléchir profondément. Il prit ensuite la parole d’une voix qui se voulait courtoise afin de lui faire comprendre l’étendue de l’importance qu’avait la prise en charge d’un tel hybride, lui faisant grâce des termes médicaux et biologiques trop complexes :



Il leva ensuite un sourcil interrogateur cherchant à percer ses intentions.
Yagipan lui trépignait d’impatience, voulant connaître sa réponse, car avec un peu de chance, il pourrait dès maintenant découvrir le monde dans son intégralité.


[Pas terrible désoulé, je suis en plus chez un ami XD]

L'air de réflexion intense de l'un des hommes assorti du regard déconfit de l'autre n'avait pas échappé à Nao, qui se demandait pourquoi l'adoption d'un hybride aurait pû susciter tant de tergiversions alors qu'il y en avait pléthore dans les animaleries de la ville. Certes, Yagipan était spécial en ce sens que ce n'était pas un neko à proprement parler, mais un nouveau type d'hybride, à ce que celui-ci en avait dit à la jeune femme.
Ladite jeune femme commençait à se poser des questions sur elle-même : était-ce son apparence un peu singulière qui les faisait hésiter ? Elle se prit nerveusement les mains l'une dans l'autre, la serrant selon un tic nerveux, quelle tenta de cacher voire de cesser dès qu'elle s'en rendit compte.

Lorsque l'un des deux hommes se tourna vers elle en ayant l'intention de lui parler, Nao revint de son introspection pour se concentrer sur les paroles qu'ils allaient échanger, consciente que celà déterminerait le fait qu'elle soit, dans un futur proche, la maîtresse ou non de Yagipan.
Elle écouta attentivement tout ce que lui dit l'homme, et au fur et à mesure se sentit envahie de différents sentiments : Yagipan était donc un être créé par manipulation génétique, ce qui nécessitait, Nao pouvait aisément le comprendre, un suivi sérieux. Lui, totalement soumis ? Il était vrai que la jeune femme avait perçu sa bonne éducation dès le départ, mais elle ressentait également comme un trait de caractère affirmé, sans pour autant que l'hybride soit irrespectueux. Peut-être était-il simplement joueur. Nao voulait le savoir et côtoyer cet être, aussi ne broncha-t-elle pas lorsque l'homme en face d'elle lui énonça les obligations attenant à l'adoption du Yagi. Un suivi journalier ? Celà ne la dérangeait pas plus que ça, son emploi du temps était assez clairsemé pour lui laisser largement le temps de s'occuper de tels comptes-rendus. Aller voir un spécialiste chaque mois ? Pourquoi pas, si c'était nécessaire... Nao ne s'en offusquait pas le moins du monde. Il lui semblait normal qu'un prototype soit suivi de près, que son évolution soit soumise au regard de qui de droit. Mais ce n'était pas pour autant que cet être devait être négligé au profit de tout un tas d'analyses, selon elle. Si elle était habilitée à devenir sa maîtresse, elle ne se focaliserait pas sur cet aspect scientifique, mais sur le fait de faire découvrir à Yagipan toutes sortes de choses. La jeune femme supposait en effet qu'étant issu d'une manipulation scientifique, l'hybride avait dû être étroitement surveillé et n'avait pas encore dû connaître beaucoup de choses au monde.

« Si vous êtes toujours d’accord, nous procéderons à la signature des documents puis la remise des adresses des spécialistes. Alors, en êtes-vous ? »

Nao se pencha sur la question, l'adoption d'un être n'étant pas à prendre à la légère. Malgré tout ce qu'elle avait pensé avant, elle ne pouvait empêcher cette angoisse sourde au fond d'elle de lui faire se demander si elle serait capable de répondre aux attentes et du Yagi et des scientifiques. Pourtant, elle avait une grande envie d'adopter l'hybride, car il l'intriguait énormément.
Elle se résolut enfin à une décision, et donna sa réponse à l'homme :

- Je pense sincèrement que tout ce que vous m'avez dit ne me dérange pas et que je saurai m'y conformer. Ce Yagi étant comme vous me l'avez dit un prototype, il est évident que je vous fasse part de son évolution. Pour ma part, j'accepte la prise en charge de cet hybride et des obligations que vous m'avez expliquées. Si vous m'en jugez apte, alors réglons les formalités administratives.

Elle avait décidé de ne pas se laisser impressionner par l'ampleur de la tâche et de donner une bonne impression aux deux hommes, qu'ils puissent lui faire confiance. Ceux-ci se consultèrent du regard, puis il fut pris la décision que Nao acquiérait Yagipan et devenait sa maîtresse officielle. Quelques signatures et un règlement financier plus tard, les deux hommes firent leurs adieux à l'hybride, saluèrent Nao et le vendeur.
La jeune femme avait un petit sourire rêveur aux lèvres, elle avait réussi et en était heureuse : elle allait partager son quotidien avec son nouvel hybride. Nao se tourna vers lui avant de sortir de la boutique, et lui dit :

- A partir de maintenant, nous allons vivre ensemble. Ne t'inquiète pas, j'ai bien compris ce que j'ai à faire pour les scientifiques qui t'ont élevé jusqu'à aujourd'hui. Je te demanderais simplement de m'aider à ne pas oublier ces obligations, je suis parfois un peu tête en l'air..., dit-elle en souriant. Maintenant, sortons d'ici. Y a-t-il un endroit particulier où tu veuilles aller ?